vendredi 26 décembre 2008

Incontinental: Un blog sans vessie


Alors que mon visage impassible affichait encore des plaies de lit s'apparentant à celles d'un obèse morbide faisant flèche de tout bois, attaché sur le toit d'une Mazda 3, en vitesse grand V sur un toboggan fictif dévalant pentes et vallons contre vents et marées, quelque part en Illinois en habit de jogging, suintant sa propre urine suite à une amputation malencontreuse de la vessie, avec comme seule consolation, l'assurance qualité d'un jardinier qui "connaît ça" et qui changera sa vie des années plus tard en semant du maïs entre deux plis de sa peau pour après y récolter les légumes de son dur labeur avec l'aide de petits Mexicains importés spécialement pour l'occasion, je m'objectai de la confusion générée par les préambules beaucoup trop longs sur les blogs de mes contemporains.

Je décidai donc de remédier à la situation en créant une liste de 10 commandements faciles à suivre afin que la rédaction d'un billet bloggal soit adéquate et que celle-ci réponde à des normes beaucoup plus exigeantes que les normes Bonneville (qui ne stipulent seulement que le nombre de clous utilisés pour la construction de la maison doit être supérieur au nombre de pièces de celle-ci).


LES DIX COMMANDEMENTS DU BLOGUEUR
Par Mathieu, bachelier en bouteille noire


10- Il ne faut jamais…………………….. *crack, boum*



J'en étais à rédiger le numéro 10 (2 pour les geeks) de ma liste, quand mon cerveau se sépara soudainement en deux, Moïse en profita alors pour le traverser avec le peuple hébreu, suivi de Jésus et Joseph qui firent des "wheelies" sur le bœuf et l'âne, puis finalement Noé qui ferma le cortège avec sa câlisse d'arche à marde remplit de manger pour chats et de clones de Marie-France Bazzo. Alors que je sentais mon calvaire prendre bientôt fin, toujours dans le canyon laissé béant par les hémisphères de mon cerveau divisé, juste avant de disparaître derrière l'horizon, j'entendis l'arche de Noé qui reculait en faisant un bruit qui rappelait le "reverse alarm" d'un semi-remorque noyé dans l'écho d'un monde irréel. Après plusieurs minutes de reculage intensif, elle s'arrêta finalement au beau milieu de la voie médiane, bloquant ainsi les petits hamsters qui transportaient les bulles d'oxygène d'est en ouest de mon encéphale et qui commençaient à être épuisés par cette surcharge de travail créée par cette commotion cérébrale.

Après plusieurs secondes de suspense et de gros plans, le pont de l'arche s'ouvrit lentement à tribord et on pouvait distinguer une forme humanoïde derrière une épaisse fumée blanche provenant d'une boîte judicieusement placée par des techniciens aux effets spéciaux compétents. Mais qui donc était cet étrange visiteur? And who in his right mind voudrait venir faire l'écotourisme dans cet endroit désertique où la plus grande attraction est de regarder les boules de foins ballottées au vent?

"Fuck", me dis-je "j'espère que c'est pas Noé. Crisse qu'il m'énerve lui avec ses cheveux longs pis sa face de gars qui trippe trop sur les animaux. Ostie que je le trust pas lui"

Pendant que je vociférais contre le personnage biblique, le mystérieux bipède amorça sa descente sous la musique de "Rencontre du troisième type"

*TOU DOU DOU DOU DOOOUUUU*

La fumée opaque commençait à se dissiper et petit à petit, on pouvait distinguer les caractéristiques du faciès de notre brain traveller et l'oiseau fit son nid. Première constatation, il ne s'agit pas de Noé, "Hell yes!", il a moins de cheveux et ne sent pas la fiente, grimpant ainsi automatiquement dans mon estime. Hey...attendez.... mais…mais…mais, je le connais ce type…..c'est…c'est MOI… Comment cela est-ce possible? Je ne peux pas être dans ma tête et écrire ce texte en même temps, C'EST IMPOSSIBLE.

En relisant mon billet du début, je du me rendre à l'évidence que c'était non seulement possible, mais que c'était aussi la seule raison qui expliquerait l'existence du dit billet. J'étais bel et bien dans ma tête et je me tenais donc debout, immobile, seul entre les murs de mon cerveau scindé. Une mare de sang recouvrait mes pieds et l'arche en profita pour voguer doucement sur celle-ci et ainsi poursuivre sa traversée cervicale prosaïque. Un grand vent balaya, du nord au sud, la tranchée dans laquelle je me trouvais, transperçant du coup mon épiderme en me glaçant l'échine. J'avais maintenant du sang jusqu'à la taille et le niveau ne cessait de monter. J'appréhendais la suite. J'allais mourir noyé dans ma tête, une tête trop pleine de bon sang. Tout ça à cause d'une trop grande naïveté qui me fit m'aventurer dans une absurdité que je croyais jusque-là inoffensive, mais qui, ironiquement, allait devenir mon tombeau. Sur la pointe de mes pieds, je peinai à garder la tête hors du flux sanguin qui aurait raison de moi. C'est alors que dans ce silence sanguinaire qui régnait à cet instant précis, qu'un léger vrombissement se fit ressentir, puis les parois visqueuses de flegme et de neurones pragmatiques se mirent à bouger en un mouvement oscillatoire ultrarapide et une petite brèche s'ouvra au dessus de ma tête. Un vaisseau en sortit. Un vaisseau était venu, là, maintenant, pour me secourir. Je n'en croyais pas mes coudes. Une petite échelle descendit de sous le vaisseau et je l'agrippai vigoureusement, puis fus extirpé de cette fâcheuse position. J'étais maintenant sauf, mais étais-je sain pour autant? À bord du vaisseau sanguin qui m'amenait loin de toute cette désolation, je vis mon propre cerveau se refermer sous mes yeux dans un grand fracas qui souffla le vaisseau à une vitesse prodigieuse qui me fit perdre connaissance. Quand je revins à mes esprits, j'étais assis devant cet ordinateur, Noël était passé et ma peau avait une odeur étrange. Sur le moniteur, le curseur clignotait de façon erratique et m'hypnotisait avec ses mouvements incessants de va-et-vient. Juste au-dessus de celui-ci se trouvait ce texte étrange.

Je décidai de le publier.

2 commentaires:

Remplir la bouteille...