mercredi 10 décembre 2008

La Genèse selon Saint-Moi


C'est au petit matin, isolé par les neiges enveloppantes qui mettaient en sourdine les bruits et les couleurs de la métropole, que mes doigts se mirent à galoper allègrement d'une touche à l'autre sur un clavier que je voudrais beaucoup plus hygiénique, afin de trouver un sens à mon existence dépourvue de substance. Par un hasard plus pur que l'eau des larmes d'un bébé naissant qu'on aurait filtrée à même les montagnes Rocheuses pour en faire de la Kokanee, au détour d'un paragraphe moribond et d'une virgule mal placée au milieu du mot "préfecture", mes doigts se déplacèrent soudainement à mon insu, de touches lettrées en barre d'espacement, et ce sans l'apport quotidien recommandé de mon cerveau, comme sur une table de Ouija en forme de clavier canadien-français.

Les phrases ainsi formées durant cette expérience ésotérique, qui dura une bonne trentaine de minutes, période durant laquelle j'étais en transe dans un état semi-comateux se rapprochant des orgasmes prolongés que nous pratiquions jadis, elle et moi, sans appeler ça nécessairement du tantrisme parce que Sting appelle ça comme ça et que Sting est creepy et que c'est très mauvais de penser à Sting pour conserver une érection vigoureuse pendant plusieurs heures. D'un autre côté, Sting est un excellent contraceptif. D'ailleurs, selon un récent sondage, mille enfants sur mille ne seraient pas nés à cause de Sting, une moyenne d'environ 100%. Ce qui n'est pas peu dire en matière de chanteurs blonds avec une face de joker dans la conjoncture actuelle et le prix du baril qui sévit dans le monde du pétrole énergétique d'aujourd'hui (demain après-midi).

Bref, toujours est-il que, les phrases ainsi formées durant cette expérience ésotérique, (le contenu de ces parenthèses sert à informer le lecteur qu'il est toujours sur le même blog mais qu'il a perdu 25 secondes de sa vie en lisant le paragraphe précédent dans l'espoir de lire la fin de la phrase répétée au début du paragraphe courant pour évoquer une certaine continuité malheureusement interrompue par des parenthèses envahissantes et, oserai-je même dire, saugrenues) n'avaient aucun sens. Je me demandai donc alors ce que l'univers essayait de me faire comprendre avec ces petites jérémiades incompréhensibles. Je dus me rendre à l'évidence. L'univers essayait de me fourrer afin de reprendre son dû. Mais, mal lui en prit, le bougre. Ce que l'univers ignorait, c'est que malgré les apparences trompeuses, j'avais déjà mon propre univers dans lequel je me complaisais déjà depuis toujours à l'insu de tout ce qui existe à l'extérieur de celui-ci.

Je pris donc mon courage à deux doigts, sorti de mon corps, fit mes exercices d'étirement recommandés avant un effort physique, puis j'abandonnai ceux-ci lorsque je m'aperçus de la futilité de ces exercices dans la mesure où j'étais déjà sorti de mon enveloppe corporelle, donc incapable d'effort physique. Pendant que j'en étais à ces réflexions, l'univers me regardait avec un grand point d'interrogation dans le front. Je profitai de ce moment de confusion pour le lui enfoncer dans le crâne. L'univers s'effondra lourdement dans un big bang. J'avais tué l'univers avec son propre signe de ponctuation. J'étais génial.

Quand je réintégrai mon corps, plus rien n'existait. Je devais repartir à zéro, tout créer par moi-même. C'est le défi que je me donnai.

La première chose que je créai, la femme.

Pour ce qui est du reste, je la laissai décider.

5 commentaires:

  1. @Nayrus: Tu peux remplir la bouteille de tout ce que tu veux maintenant.

    @Bis(abysse?): En effet, pourquoi se faire chier avec la déco.

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  2. Je trouve pas de qualificatifs pour ce texte, c'est un peu de tout.
    Mais j'aime.
    Alors on se fout bien de caractériser ce texte.

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Remplir la bouteille...