vendredi 19 septembre 2008

Les yeux du coeur


Il y a trois semaines de cela, je cessais de me masturber et prenais la décision de me faire opérer les oeils au niveau de la myopie laser en chirurgie médicale. Et c'est à la demande générale de personne en particulier et de tout le monde qui s'en câlisse que je vais vous faire un résumé de mon expérience avec les rayons de la mort dans les yeux.
Transportons-nous, par la magie de l'internet, 5 minutes avant l'opération:

La fille dans le bureau me tendait un minuscule comprimé d'Attivant en me disant que c'était mon choix de le prendre ou non. Je me sentais comme Neo devant Morpheus dans La Matrice face à un tel dilemme. Comme je ne suis pas du genre à refuser de la drogue quand on m'en offre gratuitement, je me suis gâté. On me fait ensuite asseoir devant la porte de la salle d'opération, devant les autres patients qui passeront sous le bistouri laser après moi. On me fait des sourires de compassion, comme si j'allais à l'abattoir. La porte s'ouvre finalement, c'est mon chirurgien qui m'appelle, je pénètre.

Il me sert la main et me demande de m'asseoir. C'est un beau grand jeune homme aux cheveux noirs, je tombe en amour avec lui, mais pas trop. Il me rassure en me disant que pour lui cette opération c'était une vraie joke, qu'il pourrait la faire les yeux fermés s'il voulait. Je lui suggère quand même qu'ils les gardent ouverts. On rit d'un rire fake bien ressenti. Il m'informe qu'à cause de la minceur de ma cornée et de l'énormité de mes pupilles, il n'a pas le choix d'utiliser le procédé KPR, celui qui fait mal, celui qui prend un temps fou à guérir, celui qui te laisse en bonne partie aveugle pour au moins une semaine, bref, la totale. Il faut ce qu'il faut et advienne que pourra me dis-je alors avec le ton d'un mauvais narrateur.

Je me couche finalement sur la table d'opération, il y a un prisme triangulaire sur la table pour mettre mes dessous de genoux dessus. C'est vraiment confortable. Je demande si je peux me coucher en cuillère, on me refuse ce privilège le regard confus. On me met la tête dans un étau, on me met des gouttes dans les yeux, on me met un bidule dans l'œil puis on le tape pour que je ne puisse pas cligner des paupières. Le procédé KPR consiste à râper la couche protectrice de la cornée, appelée l'épithélium pour ensuite corriger la forme de la cornée au laser. On ne coupe rien contrairement au traitement Lasik standard. On me fout un truck de gouttes anesthésiantes dans l'œil droit puis le chirurgien me râpe l'oeil avec une brosse à dents pour les yeux, tout devient flou. La sensation de la brosse sur l'œil est comparable à celle de mourir au ralenti dans une déflagration, sauf qu'on reste vivant et que c'est totalement différent. Après avoir bien râpé l'œil, il active sa machine du futur qui fait un bruit de fer à souder puis il me dit de fixer la lumière rouge qui flashe. Ça sent l'oeil brûlé. 30 secondes plus tard, c'est terminé. On répète la même procédure pour l'oeil gauche, je lui dis que c'est plus sensible quand il me râpe l'œil. Il me dit que ça arrive souvent qu'on lui dise ça. Je me sens normal. Je suis content. C'est terminé, je suis renvoyé chez moi avant que les yeux dégèlent et que les autres clients me voient dans d'atroces souffrances. Ça serait pas bon pour la business.

La semaine qui suit est beaucoup plus pénible que l'opération elle-même. Tu dors tout le temps parce que ça fait mal quand tu ouvres les yeux et que toi, les yeux fermés, ça t'endort. Tu ne peux pas faire 98% de tes activités habituelles, car elles nécessitent une acuité visuelle certaine, alors tu dors. Tu déprimes, car les 4 premiers jours ta vision est de plus en plus floue, ce n'était pas indiqué dans la brochure, tu paniques, tu te dis que tu vas rester aveugle. Puis finalement, tu commences à voir mieux, mais pas assez pour lire des petits caractères sur un écran d'ordinateur, ça te frustre.

Présentement, après 8 jours, je dirais que ma vision est à 75%, je n'ai aucune idée si c'est normal ou non, mais ça s'améliore tous les jours, mais tellement lentement, je ne crois pas être prêt pour retourner au boulot lundi, mais j'ai des beaux yeux et c'est ça qui est important... non?


Choses que je vois (que je ne voyais pas avant)

- Mon pénis dans la douche
- Mon pénis dans ta bouche
- Ta face quand tu jouis

Choses que je ne vois toujours pas

- Le rapport
- Ce que tu veux dire par là
- Où tu veux en venir exactement

Comme quoi la technologie a ses limites.

2 commentaires:

  1. Meilleur billet que j'ai lu depuis un bout. C'est bourré de gags et de rebondissements.

    "La sensation de la brosse sur l'œil est comparable à celle de mourir au ralenti dans une déflagration, sauf qu'on reste vivant et que c'est totalement différent."

    HAHAHA

    T'es cool.

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  2. Oui ce qui compte, c'est que tu as de beaux yeux.

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Remplir la bouteille...