dimanche 7 juin 2009

La mort grise


Le front galbé de sueurs excessives et les doigts d'empoignasses subtiles, je rognais malgré moi mes dernières volontés sur son buste généreux. J'envaginais tendrement son corps voluptueux en lobant ses oreilles de salives éternelles. Des mains partout qu'on aurait dit qu'elles étaient seize, mais elles n'étaient pourtant que quatre, mais multipliaient leur efficacité en se fendant en autant. Le son de la chair qui brûle au contact de la chair de l'autre, le crépitement savoureux des amants qui se cambrent en se griffant des doigts, le dernier salut de l'appel de la peau, la fluidité des mouvements et des fluides émouvants ponctuaient ce moment rempli d'éternité. N'étant plus trop habitué à ces cabrioles nocturnes de haute voltige, mon coeur s'emporta et m'emporta avec lui en palpitant de façon erratique, tout juste avant que mes orteils ne se redressent pour l'ultime frisson.

 Lorsque je rendis l'âme, elle continua pendant de longues minutes à me chevaucher, les yeux au ciel, en transe. Jamais elle n'aurait pu s'imaginer être en train de copuler avec un macchabée. Car même si mon coeur avait cessé de fonctionner, une partie de mon corps avait déjà monopolisé en ses vaisseaux, le fruit de ses dernières pulsations. Jamais de mon vivant mon corps n'eût donné autant de plaisir que lors de ces dernières minutes où la vie l'avait quitté sans préavis. Ses mains appuyées sur mon torse, elle donna le coup de rein ultime, puis s'effondra violemment sur moi me ramenant par le fait même à la vie. À peine eus-je pu souffler, que mes orteils se recroquevillèrent aussitôt et un orgasme violent de l'au-delà transperça mon corps puis le sien se traduisant par une éjaculation aussi explosive que volumineuse. Exténués, nous roulâmes chacun sur le côté en mordant nos lèvres respectives. Je savais dès lors que pour le restant de mes jours, je serais à la recherche de cette même sensation divine chaque minute de ma vie et que même si je dois y laisser ma peau, j'attendrai dans un état d'éternelle insatisfaction, l'instant où je pourrai à nouveau mourir en elle.

6 commentaires:

  1. Une minute plus tard et j'en suis toujours pas revenue.

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  2. @Nayrus: C'est juste des mots, reviens en CÂLISSE!

    @Ironica: J'hésitais entre ça ou le ôh combien plus trash "Je dévaginais". Comme on dit: Entre deux mots, il faut choisir le moindre.

    @Frédérique: Merci. En passant, le festival Facéties et Poésies est terminé. Si je vois une seule autre rime, je crois que je vais vomir un ou deux poètes. Overdose de strophes.

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  3. Quel beau texte, quelle belle déclaration. J'adore!

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  4. Pratique aussi 16 mains quand on prépare un déménagement!

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Remplir la bouteille...